L'histoire

"Nous sommes des nains juchés sur les épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu'ils nous portent en l'air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque."

Bernard de Chartres

Parce que l'histoire nous façonne, parce que nous sommes fait de cette histoire et de cette matière. Nous nous devions ici de vous raconter ce qui nous a construit, ce qui fait aujourd'hui une partie de ce que nous sommes et ce que nous voudrions en faire.

La première rencontre avec le Théâtre de l'Opprimé, Aude la fait à Toulouse en 2001 avec Jean Pierre Besnard, dans la compagnie Caravane Théâtre.

Un peu plus loin sur le chemin, il y a la création en 2006 de Ficelle et Compagnie à Clermont Ferrand. Créée en même temps que l'ASMA (association de services migrants Auvergne) suite au démentellement du CLISMA. Avec Laurent Delvaux, Anne Dubot, Karen Levasseur, Louise Rousier. Et puis avec Stéphane Vallat, Anabelle Vaux, Julia Bellet, Noémie Dumont, Thierry Demay... Plus de dix ans d'aventures, d'interventions, de créations, de renconntres.

En 2018, hop ! Une envie et une migration vers la Bretagne et vers de nouveaux alliés. l'Escargot Migrateur, Sitala, Galapiat, La mécanique des Bulles, et la création concomitante de la Convergence des Loutres qui anime un espace de vie sociale dans l'ancienne école des filles à Loguivy-Plougras. Ça deviendra le nid de la nouvelle compagnie "Si les sardines avaient des ailes" !

L'association est créée en mai 2018 avec l'envie de reproduire le fonctionnement de Ficelle et compagnie. Une sorte d'essaimage. Avec des petits plus, des nouveautés ou des choses plus appuyées, des envies supplémentaires...

La première était la place des ados dans l'activité et dans la gouvernance. En partant du constat que l'un de nos terrains d'intervention principal était le milieu des collèges et lycées. On s'est dit qu'on devait avoir plus de jeunes avec nous pour alimenter notre analyse et notre légitimité et pour renforcer notre posture d'alliance. Toujours faire "avec" plutôt que "pour" !

Une deuxième était l'envie d'intégrer plus encore le clown. A notre arrivée en Bretagne à Loguivy-Plougras deux coincidences ont accompagné cette envie : on s'est retrouvé avec 800 nez de clown livrés à domicile, envoyées par Jean Pierre Besnard et, suite à une erreur de l'imprimeur, plein de livrets clown !!! Et puis Delphine Dupin qui a monté la compagnie avec Aude est habitée par le clown depuis toujours et devient clown à l'hôpital.
Le clown, poétique, libre et puissant, a toujours été à nos côtés mais avec les enjeux de la société qui évoluent et notamment des oppresseurs qui sont de plus en plus difficiles à pointer - on a beaucoup d'agents de l'oppression qui sont aussi des opprimés du système - on a d'autant plus besoin de cet allié non ethnocentré qu'est le clown. Il vient au coeur de situations bloquées, tendrement ou énergiquement mettre un coup de pied dans la fourmilière et donner de nouvelles perspectives. Avec lui on se décale et on peut à nouveau avancer. Et puis jamais il n'abandonne l'espoir ! (Petit clin d'oeil au passage à nos allié.e.s du réseau TO, la Compagnie NAJE - Nous n'Abandonnerons Jamais l'Espoir).

Troisième envie, la coopération internationale. Le partenariat avec Sitala Lillin'ba et Sitala du Fasso et, notamment, la création et l'accompagnement des Sardines du Désert, une troupe de TO au Burkina Fasso.
Parce qu'il y avait cette rencontre avec Benoît Laurent d'abord,
et aussi parce que, historiquement, le TO a toujours voyagé et s'est enrichi des apports successifs des différentes approches culturelles. Il essaye de pouvoir s'émanciper des cadres ethnocentrés pour ouvrir des nouvelles perspectives.
Et puis aussi parce qu'en France on a encore des moyens de diffuser le TO et l'éduc pop alors que dans d'autres pays, il n'y a pas de moyens institutionnels.
Avec Sitala il y avait aussi l'intérêt de s'allier avec deux associations (Sitala lillin'ba et Sitala du Fasso) qui font la promotion et qui luttent pour l'éducation artistique et culturelle. Ça touche aussi la question des droits culturels et de l'enculturation (la transmission des éléments culturels). Le droit à la protection à la transmission de sa culture anthropologique et sa production culturelle dans les meilleures conditions possibles. Ça touche notre capacité à transmettre et à construire ce qui nous relie. Les droits culturels viennent construire un sentiment commun, quelque chose du sens du commun. Tous ça, ça nous parle profondément et on veut le travailler dans notre culture, mais aussi dans l'interculturel, dans la rencontre, l'échange et l'enrichissement mutuel.

La compagnie née mi 2018, prend, comme les autres, le train du Covid dans la poire en 2020 avec arrêt des activités et donc un coup de ralentissement pour la compagnie. Et puis on passe pas mal d'énergie au développement de la convergence des Loutres.

Dès la sortie du confinement on se lance dans la construction d'un spectacle avec des ados et des compagnies amies : "Exode covid". c'est une manière de réfléchir ensemble à ce qui vient de nous arriver, de résister à la stratégie du choc, de faire de l'analyse politique et garder nos intelligences et nos envies d'action en éveil. C'est fondateur aussi de notre envie parallèlement à nos interventions et formations, de développer la troupe et le montage de spectacles...

Depuis on multiplie les interventions en collège ou en lycée, souvent autour des questions de harcèlement ou de violences sexistes, on accompagne des participations des habitants autour de spectacles de Galapia (la brise de la pastille), on est actifs au sein du réseau TO et avec notre partenaire Sitala, on organise des stages autour du Clown acteur social, du Théâtre Forum, du Théâtre Image, du Jockage à Loguivy ou ailleurs pour soutenir des collectifs ou des troupes en création, on a accueilli aussi la magnifique troupe Jana sanskriti d'Inde et la compagnie Circuito Cultural Barracas qui nous a présenté sa pratique du théâtre communautaire en Argentine, on anime régulièrement des grands temps collectifs institutionnels en leur insufflant du mouvement et de l'envie de faire ensemble... et plein de choses encore... et des prochaines à imaginer avec vous !